L'hôpital Saint-Sauveur est le plus ancien de nos établissements hospitaliers ; fondé en 1216 par Jeanne de Constantinople, il vit ses constructions modifiées à diverses époques, notamment au XVe, au XVIIe et au XVIIIe siècle. La façade principale date de 1784. Nous n'entreprendrons pas de faire ici l'historique de cet important établissement, ce sujet ayant déjà été largement et savamment traité par M. Aimé Houzé de l'Aulnoit, dans un travail qu'il fit paraître, y a quelques années ; nous ne nous occuperons que de la partie purement archéologique ou artistique. Disons d'abord que rien ne subsiste des bâtiments primitifs ; la cour d'honneur, par laquelle nous entrons, n'offre d'intéressant que la façade du fond, avec galerie voûtée, ornée de sculptures en pierre blanche alternant avec la brique, genre de construction qui caractérise le XVIIe siècle dans notre contrée et particulièrement à Lille , où il en existe encore de nombreux spécimens , tels que la Bourse et les maisons qui l'avoisinent. Les deux cartouches surmontant les portes,à l'intérieur de la galerie, ont perdu leurs armoiries. D'autres cours, également spacieuses, donnent accès aux différents services de l'Établissement ; les bâtiments que nous y voyons sont assez insignifiants au point de vue architectural et nous ne nous y arrêterons pas ; toutefois, notons, en passant, l'oratoire, près de la chapelle, dont les voûtes et les parties adjacentes paraissent appartenir au XVe siècle. Nous y remarquons une Sainte-Famille, d'après Rubens, bonne peinture , portant le N° 45 de l'inventaire, et un Ecce homo qui peut aussi être signalé ; il est inventorié sous le N° 62. Une autre toile sans valeur et fort détériorée représente la Madeleine au pied de la croix. Sur l'autel, se voit une Vierge noire qu'on dit provenir de l'ancien couvent des religieuses du Saint-Esprit, rue de l'Abbiette (Aujourd'hui rue deTournai.) ; elle est en bois sculpté polychrome , d'une exécution assez barbare et appartient aux Soeurs-Augustines attachées à l'établissement, ainsi qu'une intéressante peinture sur bois du XVIe siècle (la Sainte-Face), et un buste de la Vierge, peint sur toile, qui figurent également dans ledit oratoire.

La chapelle n'a conservé de sa construction du XVe siècle que le choeur où nous trouvons l'ornementation végétale et les nervures prismatiques particulières à cette époque.

Deux tableaux seulement arrêteront notre attention : N° 46 les Disciples d'Emmaùs ; le Christ, entouré de ses disciples, est près d'une table garnie de fruits ; peinture curieuse du XVIe ou XVIIe siècle, de même que le N° 73, Hérodiade présentant la tête de Saint-Jean- Baptiste, pendant du précédent.
Il suffira de donner, la nomenclature des autres tableaux que renferme la chapelle :
N° 67. L'Enfant Jésus et Saint-Jean.
N° 78. La Madeleine en méditation.
N° 77. La Sainte-Vierge et le divin Enfant.
N° 75. Un personnage agenouillé devant un autel et accompagné d'un ange.
N° 76. Baptême du Christ.
N° 58. Paysage. — La Madeleine prosternée aux pieds de Notre-Seigneur.
N° 70. Deux anges en adoration devant le Saint-Sacrement.
N° 71. Décollation de Saint-Jean-Baptiste.
Une grande toile représentant le Christ en croix ( N° 60) occupe le fond de l'autel, et au-dessus de la porte qui conduit à l'oratoire se trouve une autre grande toile ayant pour sujet Saint-Augustin en extase (N° 61).
Le tabernacle mérite une mention toute spéciale ; il est en écaille et à bossages , des cuivres repoussés et dorés enrichissent ses différentes parties composées de colonnes supportant un entablement et de gaines encadrant les panneaux : une importante croix, garnie d'ornements d'argent, a été substituée à celle mieux proportionnée qui devait couronner jadis ce petit monument du XVIIe siècle.
Il nous reste à noter dans la chapelle : un meuble flamand à deux portes , en chêne sculpté, XVIIIe siècle ; dans la sacristie : une petite armoire à panneaux gothiques et un tableau : la Sainte-Vierge au pied de la croix (N° 59) ; nous passerons ensuite au réfectoire des religieuses. Cette vaste salle est entièrement lambrissée de panneaux du XVIII 0siècle en bois de sapin naturel, encadrant un certain nombre de peintures qui ont dû être faites pour la décoration de la pièce. Deux grandes compositions (d'Arnould de Vuez apparemment), prennent toute la longueur et font face aux fenêtres : la Multiplication des pains (N° 56), le Lavement des pieds (N° 55) ; de chaque côté de la cheminée nous voyons :
La Samaritaine (N° 52).
La Tentation de Notre-Seigneur (N° 54).
Au-dessus :
Christ en croix (N° 53) grisaille.
A l'extrémité de la salle, faisant face à la cheminée :
Baptême de Notre-Seigneur (N° 47).
Jésus chez Marthe et Marie. Signé Van Mine (N° 48).
Au-dessus de la porte :
Jésus et les disciples d'Emmaüs (N° 57).
Sur les trois trumeaux près des fenêtres :
Bauduin IX, comte de Flandre (N° 49).
Jeanne de Flandre (N° 50).
Marguerite de Constantinople (N° 51).