Bouvines, les vitraux
Détails des vitraux

1
Conseil de guerre à Valenciennes, la France est partagée entre les coalisés.
Les chefs de la coalition, retranchés à Valenciennes, tiennent un conseil de guerre le 12 juillet 1214. Otton est assis à gauche devant la table du conseil et tient en main le traité. Près de lui, penché pour lire, Ferrand comte de Flandres et debout, le gigantesque comte de Salisbury. A droite de la table, au premier plan, Renaud, comte de Boulogne.





















2
L’évêque de Senlis, Garin, montre à Melun l’ennemi et court avertir Philippe-Auguste.
L’armée française, retourne vers la France. Guérin s’en détache, accompagné du vicomte de Melun, afin d’observer les mouvements des coalisés. Sur le vitrail, Guérin montre du doigt au vicomte de Melun les lignes serrées de l’ennemi qui s’avance. On reconnaîtra Guérin dans plusieurs vitraux : nommé évêque de Senlis au printemps 1214, il n’a pas été sacré au jour de Bouvines. C’est pourquoi il porte encore l’uniforme de l’ordre des Hospitaliers : une cotte de mailles et une robe rouge ornée d’une croix noire.





















3
A l’approche de l’ennemi, les chevaliers protestent de leur fidélité au roi.
Sur le vitrail, on voit à gauche le Lillois Gérard la Truie venu annoncer au roi que la bataille va s’engager. Au centre, le roi reçoit le serment des vassaux qui lui baisent les mains en signe de fidélité. A droite, on voit la fontaine Saint-Pierre et le frêne sous lequel le roi est assis. Au fond, les milices qui ont passé le pont de Bouvines reviennent sur leurs pas tandis que les trompettes sonnent le ralliement.





















4
Prière du roi et de ses chevaliers, le matin de la bataille, dans l’église de Bouvines.
Philippe-Auguste pénètre dans l’église de Bouvines accompagné de son chapelain, Guillaume le Breton, qui sera aussi le premier historien de la bataille. Ayant déposé sur les marches de l’autel son épée et son heaume, il fait cette prière : « Seigneur, je ne suis qu’un homme, mais je suis roi de France. C’est à vous de me garder. Vous n’y perdrez rien ; partout où vous irez, je vous suivrai. »





















5
Soupçonné de félonie, Saint-Pol dit à Garin : le roi aujourd’hui aura en moi un bon traître.
Mais déjà, les corps d’armée se rangent en ordre de bataille sous la direction de l’évêque de Senlis. Ce dernier, toujours préoccupé par l’éventuelle présence de traîtres dans l’armée française, soupçonne particulièrement Gaucher de Châtillon, comte de Saint-Pol. Celui-ci se défend vigoureusement contre cette calomnie : quand Guérin s’avance à sa hauteur, il lui dit : « Vous pourrez dire au roi qu’aujourd’hui, il aura en moi un bon traître. »





















6
Philippe-Auguste, à la tête de sa maison, vole au secours de l’arrière garde qui succombe.
Dès sa sortie de l’église, Philippe-Auguste, emmenant avec lui son escorte, vole au secours de l’arrière-garde qui succombe. Or, la seule présence royale rétablit l’ordre et arrête l’élan ennemi. En effet, sur le vitrail, l’attitude de Philippe-Auguste, en avant de ses troupes, semble plein de fierté et de défi :le pennon royal, semé de fleurs de lis d’or, ombrage sa tête.





















7
Philippe-Auguste bénit ses soldats et prie avant de commencer la bataille.
Les deux armées sont face à face. Le roi, monté sur un grand cheval, se retourne vers ses troupes et leur adresse quelques courtes phrases : « Voyez-vous ces hommes ? Sur leur tête pèse la malédiction de Dieu. Nous ne sommes que des pécheurs, mais c’est la volonté du Ciel de nous confier sa défense. » Alors, quelques soldats prient le Roi de les bénir, il lève les bras, les abaisse sur les fantassins agenouillés et les cavaliers qui courbent la tête. A l’instant même, les trompettes sonnent la charge.





















8
Philippe de Dreux, évêque de Beauvais livre le comte Salisbury à Jean de Nivelles.
La bataille commence. A la gauche de l’armée française, les comtes de Ponthieu et de Salisbury. Très vite, le comte Robert de Dreux est menacé. Son frère Philippe de Dreux, évêque de Beauvais, se précipite alors dans la mêlée et abat le gigantesque comte de Salisbury. Le vitrail représente le belliqueux prélat, à cheval, devant son ennemi étendu à ses pieds ; il le désigne à Jean de Nivelles qui le fait prisonnier. Derrière, l’armée française enfonce le corps d’armée anglais.





















9
Philippe-Auguste, renversé en combattant, est sauvé par Pierre Tristan et Gallon de Montigny.
Au centre, la bataille n’est pas moins acharnée : un des piquiers flamands parvient à engager le crochet de son arme dans le capuchon de mailles de Philippe-Auguste. Le roi se maintient en selle, mais son cheval tombe sur lui. Un des deux chevaliers français qui l’entourent, Pierre Tristan, saute à terre et se fait tuer en arrêtant les Flamands ; l’autre, Gallon de Montigny, reste à cheval à côté de Philippe. D’une main, il écarte les ennemis à coups d’épée, de l’autre, il agite le pennon royal. Guillaume de Barres aperçoit enfin ce signal de détresse, accourt, dégage le roi et repousse l’infanterie des coalisés.





















10
L’empereur Othon, poursuivi par Guillaume des Barres abandonne lâchement son armée.
Soucieux de prendre sa revanche, Guillaume de Barres, accompagné de Gérard la Truie et de Pierre de Mauvoisin, arrive jusqu’à Otton. Mauvoisin lui porte un coup d’épée atteignant le cheval de l’empereur à l’oeil. L’animal, fou de douleur, bondit hors de la bagarre, emportant son cavalier. Guillaume s’élance à sa poursuite, au moment où sa monture est abattue d’un coup de poignard. Otton est sauf, il fuit jusqu’à Valenciennes.





















11
Saint-Valéry, à la tête de ses vassaux, survient au secours de Guillaume des Barres.
Guillaume de Barres demeure désarçonné au milieu de nombreux soldats ennemis. Le vitrail le représente se défendant avec une telle ardeur que ses agresseurs se contentent de l’entourer et de lui jeter armes et projectiles dans l’espoir de l’épuiser. Heureusement, une phase du combat amène près de là Thomas de Saint-Valéry, à la tête de quelques cavaliers. Ce renfort providentiel disperse les ennemis et sauve l’héroïque Guillaume. On aperçoit au fond l’empereur qui fuit, on le reconnait à son manteau rouge et à sa couronne.





















12
Les charges furieuses de Saint-Pol coupent et dispersent la cavalerie flamande.
Sur l’aile droite, la lutte est encore plus acharnée qu’ailleurs. La cavalerie flamande est si efficace que les Français ont de grandes difficultés à l’entamer. C’est alors qu’une nouvelle tactique est élaborée ; les comtes de Saint-Pol, de Montmorency, de Beaumont, de Melun, accompagnés de chevaliers se constituent en pelotons indépendants. Ces sections ont pour mission de pénétrer séparément à travers les rangs flamands puis de revenir sur leurs pas, culbutant tout sur leur passage. Ils se reposent, puis recommencent avec la même ardeur. Après trois heures de lutte, les Flamands enfin rompus se dispersent ou sont faits prisonniers. Le vitrail représente le peloton du comte de Saint-Pol, le plus brillant et le plus valeureux de tous.





















13
Montmorency ayant conquis douze aigles, le roi lui dit de les porter dans ses armes.
Ce vitrail n’occupe pas une place logique dans le déroulement de la bataille. Matthieu de Montmorency avait pris à l’aile droite des ennemis, douze bannières surmontées d’un aigle ayant appartenu à d’importants chevaliers, il les présente au roi qui lui accorde aussitôt l’honneur de porter désormais douze alérions dans ses armoiries. L’alérion est un terme héraldique. Il représente un petit aigle aux ailes étendues, sans pattes ni bec.





















14
Ferrand, comte de Flandre, est pris et garotté. Cette capture décide de la victoire.
Le vitrail représente une lutte confuse au cours de laquelle le comte de Flandre Ferrand, désarçonné, se débat avec fureur. Enfin Ferrand, exténué, est obligé de se rendre aux deux frères de Mareuil. L’élite de la noblesse flamande est faite prisonnière avec lui.





















15
L’aigle allemande du char impérial est abattue au plus fort de la mêlée par Guillaume des Barres.
Les Français, vainqueurs de l’aile gauche ennemie, se portent sur le centre allemand pour l’écraser. Là, se trouve encore l’étendard impérial traîné par quatre chevaux : c’est l’aigle doré aux ailes ouvertes et tenant un dragon dans ses serres. Guillaume de Barres s’élance sur le char, abat l’aigle à coups de hache et l’apporte à Philippe-Auguste. Le centre de l’armée impériale est bientôt définitivement mis en déroute.





















16
Le comte de Boulogne reste le dernier des coalisés à lutter contre les Français victorieux.
Mais à droite de l’armée impériale, la bataille n’est pas finie : le comte Renaud de Boulogne, qui commande l’aile droite ennemie, refuse de se rendre ou de fuir, malgré l’insistance des autres chefs. Sur le vitrail, il est montré sur un grand cheval, et pour augmenter encore la terreur qu’inspire sa bravoure, il a ajouté à son heaume un cimier noir fait de fanons de baleines.





















17
Le comte de Boulogne est pris et conduit devant le roi.
Le comte de Boulogne aperçoit Philippe-Auguste qui s’approche : piquant droit vers le roi, il allait l’atteindre quand deux seigneurs français se jettent sur lui et qu’un troisième abat son cheval. On s’empare de lui. Sur le vitrail, il est présenté ainsi à Philippe-Auguste qu’il brave encore d’un regard chargé d’une rage désormais impuissante. Il est huit heures du soir et la victoire est acquise.





















18
Philippe-Auguste, après la bataille, passe une revue d’honneur.
Dans cette plaine qui a vu la grande lutte, le roi remercie ses vaillants compagnons d’armes. Il passe devant le front des troupes, accompagné de Guérin, et à l’ombre de l’oriflamme. Pour Philippe-Auguste, tous avaient été à la peine. Il est juste que tous soient à l’honneur: Guérin est fait chancelier de France; d’importants dédommagements sont accordés aux communes françaises dont les contingents ont le plus souffert.





















19
A l’exception des félons Ferrand et Renaud, le roi rend la liberté aux autres prisonniers.
Le roi se montre généreux envers les Flamands vaincus : la plupart n’ont fait que remplir leur devoir féodal de vassaux vis-à-vis de Ferrand. Un grand nombre d’entre eux sont donc remis en liberté le soir même de la bataille ; les plus riches le sont dans les mois qui suivent.





















20
Passage dans les campagnes de l’armée victorieuse, les paysans raillent le comte Ferrand.
Seuls Ferrand et Renaud ne bénéficient pas de la grâce du roi. Sur le vitrail, on voit le comte de Flandre Ferrand amené à Paris, sur un chariot. Les populations, alors occupées aux travaux de la moisson, accourent sur son passage et ne lui épargnent aucune des humiliations dont on a coutume d’accabler les vaincus: « Quatre ferrants bien ferrés, Traînent Ferrand bien enferré. »





















21
A sa rentrée triomphale à Paris, l’armée est acclamée par la population.
L’accueil de Paris est tout aussi enthousiaste :la ville entière (bourgeois, clergé, et peuple) va au devant de Philippe-Auguste. Les étudiants de l’université surtout font fête aux troupes victorieuses. Les banquets et réjouissances durent sept jours.Au sommet du vitrail qui orne le milieu du chœur, une sorte d’apothéose représente le roi serrant la main d’un soldat des communes à l’ombre du pennon royal tenu par un chevalier.